dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg

26 ¦ 09 ¦ 2019
Hospitalités

L'édito du poète

26 ¦ 09 ¦ 2019 · Hospitalités HospitalitéS
En questionnement La mixité des caractères présents et la richesse que cela procure
Illustration Repas partagé – Cour de l’Odylus, août 2020
Auteur·e·s Audrey, membre d'Horizome en stage à l'Odylus de juin à août 2019

↘ L’été est terminé et le soleil se couche dans la cour de l’Odylus. Le ciel bleu a laissé place à un autre plus nuageux. La journée, les rires d’enfants disparaissent pour réapparaître fugacement après l’école; les adultes partent travailler, faire « des trucs de grands », Horizome se réveille doucement et quand on ouvre la fenêtre, on est surpris de découvrir un peu d’air frais. Ça y est, c’est la rentrée…

La vie suit son cours et c’est drôle car d’une certaine façon, je suis un peu stressée par cette rentrée, un peu comme une enfant la veille du retour en classe. Je me souviens que quand j’étais petite, je me couchais dans mon lit et me mettais à penser à cette immensité qui m’entourait. À ces instants, je pensais qu’il y avait moi, puis mon lit, ma chambre, ma maison, ma ville, mon pays et ainsi de suite, jusqu’à ne plus savoir ce qu’il y avait après. Et aujourd’hui je suis là, dans la cour de l’Odylus et je regarde les gens qui passent puis repassent. On parle de tout et de rien, du beau temps, de l’école des enfants, des vacances qui viennent tout juste de prendre fin et parfois, on se contente de se faire un sourire qui veut dire « bonjour, ça va ? » ; puis ils disparaissent à l’angle et je ne peux m’empêcher de me demander où ils vont.

On présente l’Odylus comme un bateau sur lequel on embarque, mais aujourd’hui, je vois plus cet endroit comme une immense volière qui abrite plein d’oiseaux incroyables. Des petits, des grands, des nocturnes, des solitaires, des sauvages, des farouches, des nomades, des silencieux, des mystérieux.

Tous volent à leur façon pour migrer vers un ailleurs plus paisible, plus chaud, plus accueillant où ils pourront poursuivre leur vie. Aujourd’hui, je les vois, les pieds plus ou moins liés avec le vent de face mais si je m’attarde un peu plus, je vois de magnifiques oiseaux capables de s’envoler.

Donc on est là, ensemble, à construire un nid. Un nid plein de couleurs, de bonne nourriture, de café ou de coca, de rires, de marteaux de scies, de boules de pétanque, de cris d’enfants (et d’adultes), de musiques… Bref de tellement de choses que Mary Poppins n’a qu’à bien se tenir.

C’est drôle, parce que j’ai l’impression que l’on est là, à vivre quelque chose de fort, à construire quelque chose ensemble, à bâtir un truc un peu fou, comme une sorte de petite éternité alors que le temps (on le sait tous) nous est compté.

L’Odylus, c’est tellement de choses. C’est un bateau sur lequel on embarque, mais c’est également la partie « avis clients » d’un site internet sur lequel on trouve des caractères bien trempés. C’est une volière qui abrite plein d’espèces incroyables prêtent à s’envoler et en même temps, c’est le p’tit bistrot du coin où la nourriture est bonne et où l’on retrouve ses meilleurs potes. C’est également le marché de poissons où l’on joue à qui criera le plus fort, mais c’est surtout un grand chantier où l’on bâtit des espoirs adaptés. ↙